Le petit maçon

Le petit maçon

Le petit maçon

Le petit maçon, extrait de « Mon ciel de traîne » de Jean-Claude Chesneau :
André était artisan maçon. Il habitait un peu plus loin, à deux pas de la rue d’Ambert. Il possédait une camionnette, mais tous ses petits déplacements se faisaient à bicyclette. Vêtu d’un bleu de travail, d’une casquette en toile et équipé de chaussures de sécurité, il travaillait sur des petits chantiers. Dans le quartier, si l’on avait besoin de monter une clôture, construire un garage, agrandir sa maison ou refaire une couverture, on demandait « le petit maçon ». Jovial, courageux, toujours prêt à rendre service, il était l’homme de toutes les tâches et de toutes les situations. Lorsque papa avait des travaux à effectuer dans la maison, il faisait appel à ses services et travaillait avec lui ; ils étaient très amis. André passait souvent après le repas du midi pour nous saluer et commenter les potins du quartier. Les décès venaient en premier, suivis des accidents, des vols, des ruptures, etc. Pendant ce temps maman sortait un verre et lui versait une « petite goutte ». Bien que petite, elle n’en était pas moins efficace. Il buvait d’un trait en relevant la tête, ponctuait par un « hum, elle est bonne » et reposait son verre ! En hiver, André passait nous voir tous les jours. Il apportait une salade, des tomates et même des fraises quand c’était la saison. Il avait sa « petite goutte » ou pour changer, une liqueur.

Le petit maçon - toiture

Le petit maçon – toiture

Quelquefois André refusait, c’était signe qu’il ne lui en fallait pas plus, il connaissait ses limites. Il avait un « parlé » amusant avec des expressions bien à lui. Un jour, mes parents, n’ayant pu se rendre à l’enterrement de son père, lui ont demandé de bien vouloir les en excuser. André a répondu par un « c’est pas ben sérieux », ce qui voulait dire « vous êtes excusés ! J’ai revu André pour la dernière fois il y a plus de trente ans, c’était en hiver et il faisait froid. Il était passé nous voir et comme à l’habitude, il avait bu son petit verre. Au moment d’enfourcher son vélo, pour repartir, il tendit la jambe si vigoureusement qu’il passa de l’autre côté de la selle. Avec un sourire, il réitéra puis s’éloigna en zigzagant. C’était le froid, probablement !

 Le petit maçon, extrait de « Mon ciel de traîne » de Jean-Claude Chesneau
Disponible  chez Amazon
ou chez l’éditeur : Mon ciel de traîne, Éditions Lulu, Londres .Livre broché, 165 pages, ©2008, ISBN : 978-1-4092-4438-7, français.

 

 

Laisser un commentaire