L’Ondioline de Georges Jenny

L'Ondioline de Georges Jenny

L’Ondioline de Georges Jenny

Dans un local de l’atelier du Centre Joseph Arditti à Quessigny, un ingénieur en électronique, Georges Jenny, fabriquait un synthétiseur appelé Ondioline. Cet instrument a été le précurseur de nos synthés d’aujourd’hui ! En 1962, j’ai eu l’occasion de travailler six mois dans son atelier de construction avec Jean Patot et Émile Talbot à la mise au point des oscillateurs et du potentiomètre de genouillère. La recherche m’a toujours passionné ! L’Ondioline, créée par Georges Jenny en 1942, appartient à la deuxième génération des instruments électroniques. À cette époque, il conçoit un instrument évolué qui met à la disposition du compositeur et de l’exécutant des moyens d’expressions riches et subtils. De plus, avec un seul doigté et une seule technique de jeu, l’instrumentiste peut jouer, du violon, du saxophone ou des Bongos. Avec cette invention, il obtient la médaille d’or du concours Lépine et se lance dans la construction artisanale de cet instrument.

L'Ondioline de Georges Jenny

L’Ondioline (vue arrière)

Ce modèle, construit vers 1950, comprend un clavier de 37 touches (trois octaves plus un demi ton et demi sol-sol. Il est expressif au toucher ce qui permet de varier les attaques et de nuancer les tenues de notes. La genouillère, à gauche du clavier, sert à l’expression générale (piano, piano-forte, forte). Le vibrato manuel est obtenu par oscillation du clavier. Ce clavier est contenu dans un coffret qui repose sur un socle renfermant l’amplificateur et le haut-parleur. L’ensemble se présente sous la forme d’un meuble élégant en bois. Au-dessous du clavier deux boutons correspondent à la commande de transposition (clé d’octaves) et à l’accord de ces registres. En haut du socle apparaissent les 18 clés de changement de timbre marquées A, B, C, D, E, F, (jeu de flûte, jeu d’orgue de cinéma, de violon ou violoncelle, etc.). Le principe est simple : un clavier reposant sur un système de tubes à vide et de ressorts, ce qui permettait d’obtenir un vibrato pour pouvoir ensuite modifier aisément la hauteur du son joué. Cet effet de vibrato sera le premier effet reproduit dans la musique électronique.

L'Ondioline de Georges Jenny

Georges Jenny et son Ondioline

Georges Jenny cherchait un musicien pour promouvoir son invention et a fait la connaissance au cours des années 50 de l’inénarrable Jean-Jacques Perrey. Celui-ci vient d’abandonner la faculté de médecine après 4 ans et décide de se consacrer à l’Ondioline, séduit par le formidable potentiel de l’instrument. Il s’en suit donc une collaboration entre les deux hommes et une tournée aux États-Unis au cours des années 60, où Jean-Jacques Perrey fera découvrir cet instrument étonnant, aux Américains. Perrey signera un album sous le nom original de Mr. Ondioline, dont la pochette vaut amplement le détour. Dans la même foulée il deviendra l’un des plus grands chantres du Synthétiseur modulaire Moog, le premier du genre. Il permettra, avec d’autres pionniers comme Wendy Carlos ou Gershon Kingsley, à la popularisation des sons électroniques au cours de la décennie des sixties, avant la déferlante des années 70 menée par Pink Floyd ou Kraftwerk pour les plus évidents. Le succès de l’Ondioline fut immédiat aux USA et l’instrument eut vite fait de séduire Mr Raymond SCOTT et Caroll Music. L’Ondioline a été utilisé dans beaucoup d’enregistrements, notamment les bandes-son du film Spartacus (1960) et de The Prime of Miss Jean Brodie et à participé dans Baby You’re a Rich Man des Beatles et aussi dans la chanson « Runaway » de Del Shannon (1964). Ses qualités d’expression ont séduit de nombreux compositeurs qui ont écrit des œuvres spécialement conçues pour l’ondioline : Arthur Honegger (1921-1955), Marcel Landowski (1915-1999), Darius Milhaud (1892-1974), Joseph Kosma (1946-1905). Darius Cittanova compose un concerto taj mahal spécialement pour ondioline et orchestre symphonique.

Vidéo où Jean-Jacques Perrey présente l’Ondioline aux USA

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